S’il était trop tard?

Je me suis toujours demandé la raison pour laquelle on devait attendre la mort pour rendre hommage aux gens qui nous sont chers.

Non, mais pensez-y sérieusement. Attendre que la personne ne soit plus de ce monde pour lui rendre hommage…Un non-sens selon moi.

Pourquoi ne pas plutôt profiter du moment présent et tout dire pendant que cette personne est encore vivante…? Des éloges dans le vide, cela ne sert pas à grand chose.

Comme je le répète assez souvent, la vie est un phénomène. Par contre, pour qu’elle soit belle, je me suis rendu compte qu’ à la base, il faut des parents présents. D’ailleurs, Mme Regine Laurent confirme ce fait avec le rapport qu’elle a émis au sujet des jeunes de la DPJ. Des parents qui ne font des choix que pour leur seul intérêt, c’est l’équivalence d’un enfant sans parents. Les conséquences sont bien expliquées par Mme Laurent (trouble de l’attachement, difficulté à faire confiance à autrui etc). (« Tout le monde en parle » du 9 mai 2021)

Bref, je me sens choyée  d’avoir eu des parents comme les miens. Évidemment, il ne sont pas parfaits! Il n’existe aucun parent parfait et celui qui le prétend n’a simplement pas atteint la maturité pour l’admettre.

Après avoir lu ce texte, vous comprendrez les raisons pour lesquelles je leur rends hommage.

« J’aime mieux avoir des remords que des regrets »

Oscar Wilde

 

Mes parents viennent des Caraïbes (Haiti) et ils ont émigrés au Canada. Comme mes parents venaient tout deux de la campagne en Haiti, ils ont dû quitter le domicile familial pour aller étudier en ville afin d’avoir un avenir prometteur. Après avoir terminé leurs études, ils sont partis pour le Canada pour les mêmes raisons. Quel courage!

Mes parents sont partis de leur pays d’origine pour émigrer dans un pays qu’ils ne connaissaient pas, dans une culture différente où le racisme était très présent à l’époque.

Aujourd’hui, quand ils racontent les anecdotes racistes qu’ils ont vecues dans le passé, je ne peux m empêcher de rire. Par contre, ce qui est triste, c’est qu’en 2021 au Québec, nous en parlons encore…hélas.

Le racisme ne fut pas un obstacle pour eux. Ils ont foncé et se sont intégrés à la culture québécoise tout en s’épanouissant sur le plan professionnel. Ils ont fait l’acquisition de quelques édifices à logements tout en étant propriétaire d’un centre d’accueil.

Par la suite, ils ont fait l’acquisition d’un hôtel en Haiti mais ont dû fermer à cause de problèmes « politiques d’import-export » qui y régnaient à l’époque. Ils ont réussi leur vie professionnelle dans la droiture et ont grandement contribué au Pib du Canada à leur façon. En plus, ils ont réussi à éduquer leurs enfants avec succès. Ils nous ont toujours encouragés à aller de l’avant.

Mes amis (es) me parlent encore des dîners qu’on avait tout le monde ensemble avec la fameuse bouffe haïtienne. Chez moi, c était comme un hôtel. Mes parents me permettaient d’inviter mes amies peu importe le nombre et elles pouvaient toutes rester chez moi pour y passer la nuit. Mes amis (es) me parlent encore de la fameuse piscine creusée et de mon père qui s’amusait à acheter des bazous, les remonter et les revendre par la suite comme passe-temps. Selon moi, père est un bel exemple « d’hyperactivité efficace »

Pour ce qui est de ma mère, son rôle était d’assurer qu’on ait toujours de la bonne bouffe à manger et parfois, jouait la médiatrice quand mon père nous chicanait mon frère et moi. En plus de son rôle de mediatrice familiale, elle jouait aussi de rôle de « conseillère famille » en plus de s’occuper de la gestion d’un centre d’accueil en milieu familial… (oui, une autre initiative de mes parents). La beauté de la chose, c’est que mes parents m’ont toujours soutenu dans mes décisions et m’ont laissé faire mon propre chemin sur toute la ligne. Ils ont su me supporter dans les moments difficiles et ca, je ne l’ oublierai jamais.

Malgré les nombreuses punitions reçues à l’adolescence, les larmes versées à cause des partys manqués, les désaccords et j’en passe; je n’ai jamais eu envie de fuguer ( c’était très à la mode chez les ados à l’époque.)

Il y a même un soir ou je suis arrivée chez moi aux petites heures du matin et que la porte était verrouillée car j’avais dépassé le couvre-feu imposé. Hélala… Je ne vous dirai pas ou j’étais ?. Malgré tout, pas de fugue.

Mon père était sévère et il m’arrivait parfois de mentir à mes parents à certaines occasions…Mes amies avaient le droit  de découcher  à l’époque mais c’était défendu pour moi à moins que ce soit pour un travail scolaire à faire en équipe ( j’étais au secondaire dans ce temps là, maudit que c’était cool au collège français).

Malgré les discussions et les conflits avec mes parents que se soit d’ordre culturel ou autre, je me suis tout le temps dis que j’étais tout de même trop bien chez moi pour fuguer.

J’entendais des amis au collège qui disaient qu’ils allaient fuguer et je ne les comprenais pas, mais aujourd’hui, j’ai compris. Ce n’est pas tout le monde qui a l’opportunité de grandir dans une bonne famille où on se sent en sécurité.

Aujourd’hui, étant la femme mature que je suis devenue, je réalise à quel point j’ aime mes parents et que c’est réciproque de leur part.

Les valeurs qu’ils m’ont transmises (empathie,  volonté, courage, confiance, force mentale, respect) jumelées à mes études académiques et mes expériences personnelles me permettent d’être la femme que je suis aujourd’hui.

Chers parents, je vous dit un gros merci.

Je vous aime fort.

Rendez hommage aux gens que vous aimez avant qu’il ne soit trop tard car le regret et la santé mentale ne font pas bon ménage.